La forêt est un écosystème complexe et dynamique, un équilibre qui s’établit sur l’interaction des individus végétaux et animaux qui y vivent. Alors, que se passe-t-il lorsqu’un arbre est coupé ?

Un processus naturel

Avant d’évoquer l’impact de la coupe, il est important de rappeler que, dans son cycle naturel, l’arbre vit et meurt comme tout être vivant et que, par conséquent, la disparition d’un arbre intervient naturellement. Selon Adolphe Parade, “la sylviculture, c’est imiter la nature et hâter son œuvre”, cette définition caractérise bien le travail réalisé par des générations successives de forestiers depuis plusieurs siècles. Cette sylviculture doit prendre en compte de nombreux facteurs, tels que l'âge des arbres, leur état de santé, la composition de la forêt environnante et les objectifs de gestion de la forêt fixés par les propriétaires forestiers. Avec le dérèglement climatique, les choix se compliquent et la sylviculture appliquée peut devenir une sylviculture de “sauvetage” en prélevant des peuplements massivement dégradés (sècheresses, attaques d’insectes...).

L'impact sur l'écosystème forestier

Les usages du bois récolté

Lorsqu’un arbre meurt et pourrit en forêt, il va nécessairement “rendre” le carbone stocké dans son bois. Une partie de ce carbone va être stockée dans le sol et une partie repart dans l’atmosphère. À l’inverse, un bois récolté va être utilisé de nombreuses façons en fonction de sa qualité. Il peut être transformé en bois de construction, en panneaux de particules ou en meubles donc des utilisations qui permettent de stocker ce carbone sur le long terme. Il peut également être utilisé comme combustible, sous forme de bûches ou de plaquettes forestières, et ainsi remplacer les énergies fossiles. Toutes ces utilisations contribuent à la lutte contre le changement climatique, soit par un stockage à long terme dans la construction soit par le remplacement d’énergies fossiles fortement génératrices de CO₂.

D’un point de vue plus économique, les forestiers vont toujours tenter d’optimiser les produits issus de ces coupes pour un usage le plus “noble” possible, à savoir, le bois d’œuvre. Les bois d’industrie (panneaux, papier...) ou le bois énergie sont la plupart du temps des “sous-produits” de la coupe donc non-utilisables en bois d’œuvre. Cette optimisation permet au propriétaire de payer les frais inhérents à la coupe, mais également de réaliser des travaux sylvicoles dans sa forêt (plantation, entretien des jeunes arbres...) ou d’entretenir les chemins existants par exemple.

L'aspect social

L’importance des forêts pour la société n’est plus à démontrer. Bien que ce soient des espaces privés dans 80 % des cas, les forêts jouent un rôle essentiel dans les loisirs (randonnée, vélo, chasse, cueillette de champignons...) et dans les paysages donc le cadre de vie de la population. Elles ont également un rôle important dans l’emploi en milieu rural. En effet, l’exploitation forestière est un élément essentiel dans la vie de nos campagnes, car de nombreux métiers y sont liés : bûcheron, débardeur, transporteur, pépiniériste, forestier, scieur… Tous ces usages ne sont pas incompatibles, bien au contraire ! L’exploitation des bois permet par exemple le maintien de chemins ouverts pour le public et les services de secours. Elle permet également :

• la sécurisation des routes et chemins par prélèvement d’arbre dépérissant en bord de route,
• la limitation du risque incendie par l’entretien des parcelles par la coupe ou le débroussaillage des plantations,
• la réduction du risque d'éboulement ou d'avalanche grâce l’entretien de parcelles de montagne.

en savoir plus

Certaines coupes restent cependant très impactantes visuellement comme les “coupes rases”. Il faut noter qu’un propriétaire forestier hérite d’une situation découlant des décisions de gestion des propriétaires précédents. Il va donc tenter de composer avec cet état de fait et donner sa propre orientation. Les coupes qui vont avoir lieu, sont souvent la conséquence d’une orientation passée, peut-être pas ou plus adaptée, entraînant par exemple une faiblesse dans la structure du peuplement (arbres trop fragiles donc forte sensibilité au vent) ou encore un état sanitaire dégradé. C’est donc souvent une décision subie pour le propriétaire, qui soit essaie de tirer le meilleur parti de l’exploitation de ses bois en tentant de recréer une forêt afin d’éviter les erreurs commises par le passé, soit, il laisse le peuplement se dégrader avec pour conséquence un risque incendie accru, un accès à la forêt dangereux, un paysage dévasté pour ne citer que ces exemples.

L'encadrement des coupes

La coupe d'arbres en forêt a de nombreuses conséquences, tant sur l'écosystème forestier que sur la société. Celle-ci doit être réfléchie en amont dans un esprit de gestion durable entre le propriétaire et son gestionnaire, le tout de façon responsable. Pour cela, des documents de gestion peuvent être établis. Ces documents sont obligatoires pour toute propriété de plus de 20ha ou dont le propriétaire a bénéficié, par exemple, d'une subvention ou d'un allègement fiscal ou encore lorsqu'il est certifié PEFC ou FSC. Les orientations établies dans ce document doivent répondre aux exigences des Schéma Régional de Gestion Sylvicole établis par les instances publiques dans chaque région. Avec ou sans document de gestion, des règles de coupe doivent être respectées, elles sont liées aux Codes de l'environnement, de l'urbanisme, forestier... La réglementation française est très exigeante sur la question forestière ! La coupe reste utile et nécessaire à la santé de nos forêts et au bien-être des populations qui la côtoie qu’il s’agisse de cadre de vie, de loisirs ou d’emploi. Il est important de rappeler que la coupe d’un arbre n’est jamais la fin d’un cycle, mais une simple étape dans le long processus d’évolution des forêts.