Quelle est la place de la forêt dans le bilan carbone ?

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Le bilan carbone prend en compte les émissions anthropiques de gaz à effet de serre (GSE) et les puits anthropiques de GES. En réalisant la photosynthèse, les végétaux absorbent du carbone et rejettent de l’oxygène. Les océans représentent le principal puits de carbone à travers la photosynthèse du phytoplancton. Pour autant, la forêt constitue un réservoir de carbone de première importance, mais fragilisé par le changement climatique.
LES FLUX DE CARBONE EN FORÊT
La quantité de carbone séquestrée dans les forêts françaises varie en permanence en fonction des phénomènes et actions auxquels elles sont soumises. La croissance des arbres favorise le puits de carbone alors que la récolte des arbres et la mortalité extraient du carbone de la forêt (Figure 1). Ponctuellement, les crises que connaissent les forêts (comme celle de la chalarose sur le frêne ou du scolyte sur l’épicéa) provoquent un déséquilibre, et la forêt devient une source de carbone. Mais sur le long terme, la quantité de carbone séquestrée se stabilise.

Figure 1 : Schéma des flux de carbone en forêt
UNE NÉCESSAIRE VISION DU BILAN CARBONE A L’ÉCHELLE DE LA FILIÈRE
Depuis 1995, les émissions représentent chaque année en France entre 600 et 700 millions de tonnes équivalent CO2 (Citepa ; Eurostat ; Insee ; Douanes ; AIE ; Edgar-JRC ; FAO. Traitement : SDES, 2023).
La séquestration du carbone par les forêts françaises est passée de 60 à 30 millions de tonnes par an entre la période 2010/2015 et la période 2015/2019 (Figure 2). D’après les estimations de l’IGN et du FCBA, la quantité de carbone séquestrée en forêt devrait continuer de diminuer dans les prochaines décennies, tout en restant positive dans la plupart des scénarios. Par ailleurs, le stockage du carbone dans le bois mort tient du court terme et le stockage du carbone dans le sol est incertain sur le long terme.

Figure 2 : Bilan carbone du secteur forêt-bois métropolitain des dernières années par composants et par période sur les années récentes (source : Indicateurs de Gestion Durable 2020 - IGD)
Le stockage du carbone dans les produits bois et la substitution aux énergies/matériaux non renouvelables jouent déjà un rôle majeur. Pour que le secteur forêt-bois continue d’avoir un impact positif sur la lutte contre le changement climatique, la filière doit intensifier ses efforts : notamment améliorer la gestion des crises en forêt, développer l’usage du feuillu et bois de crise en construction et en aménagement, mieux valoriser les produits en fin de vie, respecter la hiérarchie des usages, et améliorer la performance des appareils de chauffage.
En France, la forêt joue un rôle crucial dans le bilan carbone, notamment en agissant comme un puits de carbone qui contribue à compenser une partie des émissions nationales de gaz à effet de serre (GES). La forêt métropolitaine capte chaque année environ 70 millions de tonnes de CO₂, ce qui représente environ 15 % des émissions de CO₂ de la France. Ce rôle de puits de carbone est essentiel pour atteindre les objectifs climatiques du pays, notamment la neutralité carbone d'ici 2050. (Source France Bois Forêt). Les forêts françaises stockent environ 1,7 milliard de tonnes de CO₂ dans leur biomasse vivante (troncs, branches, feuilles, racines). (Source IGN). Dans un hectare de forêt française, environ 170 tonnes de CO₂ sont stockées dans la biomasse (bois, feuilles) et le sol. Les sols des forêts françaises contiennent un stock de carbone estimé entre 2,5 et 3 milliards de tonnes de CO₂. Cette quantité est significative, car elle est stable sur le long terme, sauf en cas de perturbations majeures comme des incendies ou de l’érosion.

(source : CITEPA, IGN, ADEME)
La forêt et les produits en bois représentent une absorption nette d'environ 72 MtCO₂ par an, ce qui compense partiellement les émissions des autres secteurs.
Ce graphique montre l'importance de la forêt dans le bilan carbone en France, bien que son effet reste insuffisant pour compenser intégralement les émissions des autres secteurs.
La gestion des forêts est essentielle pour maintenir et accroître leur capacité à capter le CO₂. En France, les pratiques de sylviculture, comme les coupes sélectives et les replantations, permettent d'optimiser cette fonction. Par exemple, la régénération des forêts par plantation de jeunes arbres assure la continuité du puits de carbone, car les jeunes arbres absorbent généralement plus de CO₂ dans leurs premières années.