La forêt française, qui couvre environ 31% du territoire national, constitue un patrimoine naturel d'une valeur inestimable. Elle joue un rôle crucial dans la régulation climatique, l'économie locale et la biodiversité. Cependant, plusieurs menaces pèsent sur cette forêt et selon l'Office National des Forêts, la moitié de la forêt pourrait avoir changé de visage d’ici 50 ans.

Alors quelles sont les menaces majeures qui pèsent aujourd’hui sur nos forêts ?
On peut les diviser en deux grandes catégories : les menaces biotiques, qui impliquent des organismes vivants, et les menaces abiotiques, qui n'en impliquent pas (température, climat...). 

Les menaces abiotiques et causes directs liées au changement climatique

Les épisodes de sécheresse et de canicule, de plus en plus intenses et fréquents, cumulés au manque de précipitations, perturbent considérablement les écosystèmes forestiers. Ce cocktail accroît le risque de stress hydrique (manque d’eau prolongé), qui peut provoquer des embolies gazeuses. Les signes de dépérissement peuvent être visibles rapidement, notamment avec la perte précoce des feuilles. Les arbres n’ont plus assez d’eau pour assurer leur croissance normale, et leur cycle biologique peut également être impacté. Les périodes de floraison et de fructification, indispensables à la reproduction des individus, s’avèrent donc perturbées.

Des sols et des individus déjà fragilisés forment un écosystème forestier plus vulnérable à certains aléas climatiques tels que les tempêtes (moins de résistance) ou les incendies. L’augmentation des températures couplée à une succession de sécheresses accroît grandement le risque d'incendie. Les forêts du sud-ouest ou de l’arc méditerranéen sont les plus impactées et vulnérables durant la période estivale, mais désormais, des régions plus au nord comme la Bretagne ou l’Île-de-France sont aussi concernées par ce risque. Des politiques de prévention et de sensibilisation y sont mises en place afin de limiter les départs de feux (9 feux sur 10 en forêt sont d’origine humaine).

Les menaces biotiques accrues par le changement climatique

Comme pour les autres menaces citées, les arbres fragilisés par de nombreux changements deviennent plus vulnérables et notamment aux parasites et maladies. Certaines essences sont très impactées par des crises sanitaires. L’épicéa, par exemple, est menacé par le scolyte, un insecte xylophage qui peut détruire des massifs entiers de forêt. Il prolifère rapidement et, lorsque l’arbre est très atteint, il ne peut plus être valorisé en bois d’œuvre, ce qui nécessite de le couper le plus tôt possible après les premiers signes de dégradation (coupe sanitaire).

Le châtaignier, lui, est très touché par « l’encre du châtaignier », une maladie causée par deux agents pathogènes proches des champignons. Ces derniers étaient régulés par les températures hivernales, mais avec des hivers plus doux, ils se propagent et affectent, par les racines, des châtaigniers déjà fragilisés par la sécheresse.

Une autre menace de plus en plus visible est la prolifération d’espèces exotiques envahissantes (laurier du Caucase, renouée du Japon…) qui peuvent perturber un écosystème forestier. Souvent introduites involontairement par l'Homme, elles se plaisent dans nos forêts et croissent très rapidement finissant parfois par supplanter certaines espèces locales. De nombreuses associations organisent par ailleurs des chantiers pédagogiques afin de retirer des forêts ces végétaux envahissants.

Le changement climatique bouleverse les écosystèmes forestiers déjà fragilisés par d'autres phénomènes (dégradation par le gibier, fragmentation…). Il est donc nécessaire d'adapter nos forêts à ces changements. Pour ce faire, les forestiers et scientifiques cherchent et expérimentent (migrations assistées, nouveaux modes de gestion…), mais la forêt croît sur un temps long et les résultats ne sont pas immédiats.

Il est néanmoins important de préciser que la France n'est pas menacée par la déforestation présente sur certains continents. En France, les forêts sont protégées par le code forestier et de nombreuses réglementations, tout cela afin de conserver cet écosystème sur lequel nous comptons pour l’avenir.